être une femme / marina tsvetaeva

 

Une fleur épinglée à la poitrine.
Je ne sais déjà plus qui l'a épinglée.
Inassouvie, ma soif de passion,
De tristesse et de mort.

Par le violoncelle et par les portes
Qui grincent, par les verres qui tintent
Et le cliquetis des éperons, par le signal
Des trains du soir,

Par le coup de fusil de chasse
Et par le grelot des troïkas -
Vous m'appelez, vous m'appelez,
Vous - que je n'aime pas !

Mais il est encore une joie :
J'attends celui qui, le premier,
Me comprendra, comme il le faut -
Et tirera à bout portant

 

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Marina Tsvetaeva, 22 octobre 1915, L'offense lyrique
traduit du russe par Henri Deluy, éditions Farrago et Léo Scheer

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